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Tendances en 2017

mars 27, 2017  Par  Renée Francoeur


Des drones aux villes intelligentes en passant par la cybersécurité et plus encore, quelles tendances technologiques et de services contribuant à façonner l’industrie de la sécurité au Canada les professionnels et analystes du secteur de la sécurité entrevoient-ils?

Drones
Pour David Cooke, fondateur et pilote en chef chez Canda — qui fournit des services de vidéos et de photos à partir de drones — et titulaire d’un certificat d’opérations aériennes spécialisées  de Transports Canada, les drones offrent de nombreuses possibilités en matière de sécurité, depuis le contrôle des clôtures, des toits et des parcs solaires jusqu’au suivi des matériaux dans les réservoirs de stockage.

« Une entreprise de sécurité qui peut sous-traiter l’aspect vol d’un drone dispose d’un atout considérable, fait valoir M. Cooke. Certaines de ces machines peuvent coûter de 50 à 60 000 $. Quelqu’un doit ensuite être formé et garder son certificat de Transports Canada valide. »

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Selon M. Cooke, c’est le coût des drones qui sera le sujet brûlant en 2017. « Quand il est question de voler commercialement à des fins de surveillance et de sécurité, les entreprises sont souvent dirigées vers des drones conventionnels conformes, mais je pense que la nouvelle tendance se dessine autour de modèles plus petits, plus légers et moins restrictifs… comme le DJI Mavic Pro que je viens d’acheter, de la taille d’un iPhone 6. Son vol est tout à fait légal, mais son coût s’avère moindre. »
Le message général, expose M. Cooke, c’est que les drones n’ont pas besoin d’être dispendieux et vous n’avez pas à les posséder.

Oliver Philippou, analyste principal de la technologie chez IHS Markit Ltd. au Royaume-Uni, déclare que les drones et la façon de les utiliser pour la sécurité constituent des sujets d’intérêt pour lui.

« Les grands intégrateurs semblent très bien placés pour utiliser ce type d’application, et un grand nombre d’entre eux ont déjà signé des contrats de surveillance, comme Johnson Controls et Securitas », fait-il remarquer, ajoutant toutefois anticiper qu’une réalité composée de drones comme « multiplicateur de force pour l’homme en matière de garde et de surveillance d’alarme » ne se concrétisera qu’après 2017.

Villes intelligentes
À mesure que les « villes intelligentes » se développent, il en va de même du marché des « villes sécuritaires », qui inclut des aspects tels que la mise à niveau des infrastructures de la vidéosurveillance avec l’analytique, note Alexander Richardson, analyste de marché en communications critiques chez IHS Markit à Austin au Texas.

Aux dires de M. Richardson, nous obtenons une ville sécuritaire par une « approche multiagences » comportant une « plateforme de technologies de l’information (TI) consolidée regroupant une gamme de technologies de sécurité et d’applications de la loi ». Cela signifie qu’une même plateforme regroupe à la fois l’équipement de vidéosurveillance, de répartition et d’intervention d’urgence.

Les revenus totaux générés par le marché de la ville sécuritaire s’élevaient à environ 13 milliards de dollars américains en 2015, soutient M. Richardson. Il s’agit d’un marché à forte croissance — de l’ordre de 9 % par an dans le monde (entre 6 et 7 % en Amérique du Nord).

« Nous prévoyons que le marché atteindra environ 20 milliards de dollars américains d’ici 2020. »

Pour que le concept de la ville sécuritaire fonctionne, des partenariats efficaces doivent impérativement être conclus, ajoute M. Richardson : non seulement avec différents organismes gouvernementaux, mais aussi avec d’autres entreprises et même des utilisateurs. Pour soutenir ses propos, il cite l’exemple de l’Opération bouclier (Operation Shield) à Atlanta en Géorgie, dans le cadre de laquelle le service de police local s’est associé à une agence de transport et des entreprises d’envergure comme Coca-Cola, dans le but de partager leurs caméras de sécurité. « De cette façon, ils ont réussi à acheminer toute l’information vers la salle de commande de la police, plutôt que cette dernière ait à payer pour des caméras supplémentaires, raconte-t-il. Repenser l’infrastructure dans cet esprit signifie, non seulement des économies de coûts, mais une synergie entre les gens qui investissent dans l’initiative de sécurité. »

CCTV : systèmes hybrides, coûts et analytique
Katie Brink, analyste industrielle chez The Freedonia Group, s’attend à ce que la tendance de banalisation des produits se poursuive. Jon Cropley, analyste principal en vidéosurveillance chez IHS Markit Technology, est d’accord avec cet énoncé.
« L’érosion des prix de l’équipement ne va pas disparaître », commente-t-il.

« À mesure que les caméras vidéo acquièrent de nouvelles capacités, leur prix augmente. Toutefois, plusieurs de ces capacités et orientations semblent dirigées vers les services connexes auxquels sont reliés ces appareils, plutôt que vers le prix de ces derniers en tant que tel, expose Mme Brink. La vidéosurveillance continue de se développer allégrement en tant que service. Il en va de même du passage en nuage de la surveillance et des logiciels d’analytique. »

« L’analytique va continuer à rendre les postes occupés par des personnes dans l’industrie de la sécurité plus efficaces, poursuit Mme Brink, de sorte que vous finirez par avoir besoin d’un seul gardien de sécurité au lieu de deux ou trois occupés à regarder un mur complet d’écrans. Néanmoins, l’élément humain ne sera jamais complètement remplacé par les capacités analytiques. »

M. Cropley souligne que les activités de l’industrie en 2017 devraient excéder l’amélioration de la qualité d’image et de la capacité de stockage. « Je pense qu’une attention sera particulièrement accordée aux logiciels cette année. »

De bonnes discussions demeurent à l’ordre du jour relativement aux systèmes de vidéosurveillance hybrides, comme ceux combinant l’analogique et les capacités IP ou les différents types de compression (H.265, H.264), déclare Mme Brink, car ils permettent d’accéder à de nouvelles technologies sans avoir à remplacer le système en entier — ce qui représente une option attrayante en matière de rentabilité.

Cybersécurité : dispositifs plus robustes
Se basant sur la dernière année, Mme Brink considère que les dispositifs de cybersécurité renforcés capteront l’attention, en raison des attaques de DDOS et de leur utilisation de caméras de CCTV.

« En raison de l’interopérabilité et de l’interconnectivité entre les systèmes de dispositifs, particulièrement sur le marché d’utilisation commercial, le plus grand défi consiste à pouvoir anticiper l’origine des problèmes et identifier quelle porte dérobée, à laquelle vous n’avez pas pensé, pourra être utilisée contre vous », dit-elle.

Les attaques surviennent parfois via l’interconnectivité, explique-t-elle, comme un système de chauffage, ventilation et climatisation (CVC) automatisé en mesure de gérer le système de sécurité automatisé.

« La situation n’incombe pas seulement aux caméras, mais également aux utilisateurs et à leur capacité d’utiliser correctement ces dernières, de sorte à prévenir leur attaque. Il ne s’agit donc pas de pointer du doigt les fabricants », exprime Mme Brink.

Pour Alex Vaystikh, cofondateur de SecBI, une technologie de sécurité en démarrage, 2017 devra considérer les rançongiciels.
« Tout le monde s’attarde sur les façons de se protéger contre les rançongiciels en chiffrant les données, présente-t-il. Les serveurs et les données en nuage s’avèrent une cible potentielle tout indiquée, car le nuage ne dispose pas de solutions efficaces pour se défendre contre les rançongiciels. »

Service/conseil : sens des affaires plus aigu
La tendance des installateurs et intégrateurs de produits de sécurité se concentrant davantage sur le service et l’entretien se poursuivra en 2017, avance M. Philippou de IHS Markit.

« Historiquement, le marché de l’installation et de l’intégration est axé sur les projets. On peut y observer de grandes fluctuations de revenus, comme il s’avère très difficile pour les intégrateurs de prévoir les livrables projetés. Les intégrateurs essaient donc de passer à un modèle basé sur des revenus mensuels récurrents axés sur une offre de services et de contrats d’entretien – en particulier sur les marchés du détail et commercial, où les clients ne disposent pas d’équipes d’entretien sur place. »

En 2017, attendez-vous à voir davantage de salles de commande intégrées, énonce-t-il, où la sécurité s’alliera à la gestion opérationnelle dans des milieux comme les grandes universités, les centrales électriques et les aéroports.

En ce qui a trait à l’Internet des objets (IdO), Terry Hoffman, directeur de Zerobit1 Security Planners, mentionne qu’il s’attend à constater plus de partenariats entre les fabricants d’équipement et les experts en application. « L’expertise en matière de sécurité traditionnelle a changé. Elle requiert davantage de sens des affaires et de compréhension du risque d’entreprise. »
Il précise anticiper une intégration accrue de plusieurs disciplines de sécurité, comme la sécurité de l’information, l’hygiène cybernétique et l’aspect opérationnel, avec un accent plus prononcé sur la résilience des entreprises.

« La propriété par les clients s’avère quelque chose de nos jours, insiste-t-il. Un grand nombre de projets d’entreprise peuvent ne pas générer la marge de profit qu’ils généraient il y a cinq ans. Heureusement, ce manque à gagner peut être compensé par un excellent service à la clientèle, des plans d’entretien et un retour sur investissement amélioré grâce à l’utilisation de la technologie dans plusieurs domaines. »

« J’applaudis les intégrateurs et les installateurs. C’est une industrie difficile. De nombreux défis sont venus mettre à l’épreuve le fournisseur de sécurité typique en 2016 », conclut M. Hoffman.  « L’année 2017 ne sera pas différente à cet égard. De la concurrence en provenance de joueurs établis en dehors de l’Amérique du Nord s’en vient, mais on y dénombre aussi plusieurs occasions d’affaires.


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