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Un hôpital de Montréal remanie son programme de sécurité

mars 27, 2017  Par  Neil Sutton



Un hôpital de Montréal a subi ce que son PDG appelle un « changement culturel de sa sécurité », lequel a eu pour effet de mettre à jour à la fois les attitudes et la technologie.

Le CHU Sainte-Justine, un centre hospitalier universitaire consacré aux mères et aux enfants, qui se veut également un hôpital d’enseignement pour les travailleurs de la santé en pédiatrie et en obstétrique, a récemment terminé un agrandissement de ses installations au coût de un milliard de dollars. En ce qui concerne le changement fondamental de sa sécurité, il a cependant eu lieu il y a plusieurs années.

Le Dr Fabrice Brunet, président-directeur général du CHU Sainte-Justine, s’est joint à l’institution il y a huit ans. Originaire de Paris, M. Brunet a également travaillé à Toronto et au Royaume-Uni, mais a finalement choisi Montréal pour apprendre et étudier le système de santé québécois qui, selon lui, est très différent des deux autres qu’il a connus. Il souhaitait aussi travailler dans un environnement spécialisé dans les soins de santé apportés aux enfants.

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Lorsqu’il est arrivé dans l’établissement, il a remarqué une attitude laxiste à l’égard des procédures de sécurité, ainsi qu’un manque de préparation. « Quand quelqu’un venait à l’hôpital il y a huit ans, il pouvait aller n’importe où dans l’hôpital », souligne-t-il. Inconnu à ce moment-là, il pouvait poser aux médecins des questions de sécurité critiques et recevoir des réponses sans plus d’investigation.

M. Brunet raconte qu’à l’époque, la tendance était – et est encore à bien des égards – de dire que le Canada, et particulièrement le Québec, s’avérait un endroit sécuritaire pour vivre et travailler. Il reconnaît que le monde d’aujourd’hui est assez différent de ce qu’il était il y a huit ans, mais il voulait néanmoins que l’hôpital soit préparé à toute éventualité. M. Brunet s’est entretenu avec Sécurité Québec seulement quelques jours après la tuerie qui a eu lieu dans une mosquée de Québec, et qui a coûté la vie à six personnes et en a blessé cinq autres. Il a cité l’événement comme un exemple illustrant qu’une tragédie peut frapper presque partout. « Ce n’est pas si ou quand ça va se produire, commente-t-il. Vous avez vu ce qui s’est passé à Québec. »

Plus de 3500 enfants naissent à Sainte-Justine chaque année. M. Brunet est également préoccupé par la possibilité d’enlèvement d’enfants. En 2014, par exemple, un nouveau-né a été kidnappé dans un hôpital de Trois-Rivières par une femme vêtue en infirmière. Heureusement, la femme a été appréhendée et l’enfant a été restitué indemne à ses parents, mais  M. Brunet tient à ce que son hôpital prenne des mesures de sécurité pour limiter la probabilité qu’un tel événement se produise à Sainte-Justine.

Julie Carpentier, coordonnatrice des mesures d’urgence et de la sécurité, a commencé à travailler à l’hôpital à peu près au même moment que M. Brunet. Comme lui, elle a remarqué une carence dans les mesures de sécurité. M. Brunet relate qu’il a lancé le défi à Mme Carpentier de proposer un plan pour remédier au manque de rigueur de l’hôpital au chapitre de la sécurité.

« Si vous voulez parler de sécurité et de salubrité, vous devez faire comprendre aux gens que c’est l’affaire de tout le monde autour de la table. Vous devez les convaincre que ce n’est pas votre problème (uniquement), mais que c’est le leur (également), fait valoir M. Brunet. Julie a dû faire réaliser à tout le monde que la sécurité est un problème partagé. »
Quand Mme Carpentier a commencé à travailler à l’hôpital il y a huit ans, elle dit qu’un de ses premiers défis a été de se préparer à la pandémie de grippe H1N1 qui menaçait de traverser le pays. Avec la nouvelle construction à l’hôpital, un défi plus récent a été de hausser la technologie de sécurité au niveau où il doit être.

« Nous avions beaucoup de zones aveugles, précise-t-elle, même si des enregistrements étaient réalisés à certains endroits. » En 2009, il y avait 66 caméras sur le site. Aujourd’hui, on en compte 800 : dans l’ensemble du bâtiment existant et dans l’agrandissement. La plupart d’entre elles sont des modèles Bosch et Panasonic, et elles sont gérées par une plateforme de gestion vidéo (VMS) de Genetec.

L’hôpital a également repensé son centre des opérations de sécurité (SOC), lequel était à l’origine à aire ouverte, laissant les passants voir les écrans vidéo. Aujourd’hui, cet espace est fermé et ses points d’accès sont protégés par un verre antiballes. Deux autres centres de sécurité, ainsi que deux postes de sécurité supplémentaires ont été ajoutés, offrant une redondance complète en cas d’urgence.

À mesure que l’hôpital renforçait son profil de sécurité, Mme Carpentier ajoutait du personnel à son service. « Quand j’ai commencé, il n’y avait que quatre gardes, se souvient-elle. Maintenant, nous en avons 12 [pendant le quart de jour]. »
Les installations récemment rénovées comportent également une augmentation radicale du nombre de portes que l’hôpital doit gérer. À l’arrivée de Mme Carpentier, il y avait moins de 30 portes, et seulement 12 étaient équipées d’un lecteur de cartes. Maintenant, avec la restructuration et les nouveaux ajouts, on en dénombre 900.

Alors que l’agrandissement de l’hôpital a nécessité des changements récents à son infrastructure de sécurité, M. Brunet déclare qu’il a fallu trois ou quatre ans de transition pour migrer vers une culture de sécurité plus rigoureuse. Certaines mises à niveau de sécurité ont été instaurées au fil de temps pour des raisons budgétaires, mais le changement progressif a également permis au personnel de s’y habituer et d’absorber la nouvelle culture.

« Vous n’allez nulle part en criant [après les gens], expose M. Brunet. Il importe de vivre la culture tous les jours et de donner l’exemple. »

Le personnel a bien réagi à ce renouvellement de sécurité, et l’hôpital tout entier est devenu « plus créatif » en matière d’optimisation de ses ressources de sécurité, explique M. Brunet. Il tient également à souligner le rôle pivot de Mme Carpentier dans l’accomplissement de la transformation. « Nous sommes très reconnaissants pour ce qu’elle a fait », conclut-il.


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