Sécurité Québec

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Un cégep qui fait dans l’innovation en sécurité civile

septembre 4, 2015  Par  Eric Cloutier


La salle technique du Centre de coordination des mesures d’urgence (CCMU) – qui relève du Centre de recherche et d’innovation en sécurité civile (Centre RISC) du Campus Notre-Dame-de-Foy – «peut aussi bien servir à des fins de simulations pédagogiques et de recherche que lors d’un déploiement réel de mesures d’urgence dans une municipalité, une entreprise, un parc industriel, etc.», précise Guy Dufour, directeur de ce cégep.

Le Campus Notre-Dame-de-Foy (NDF), à Saint-Augustin-de-Desmaures, a fait de la sécurité civile un élément majeur de sa mission pédagogique au fil des années.

Les programmes de formation uniques qu’a conçus ce cégep couvrent l’ensemble des volets de la sécurité civile et l’ont naturellement conduit à développer une culture de collaboration interdisciplinaire.

Depuis le début de la présente décennie particulièrement, le Campus NDF a mis sur pied différentes initiatives en sécurité civile et débordant du simple cadre scolaire, en collaborant au développement de ces projets innovateurs avec différents partenaires privés et publics.

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Quelques-uns de ces projets sont déjà complétés et bénéficient à l’ensemble de la communauté de cette ville située à l’extrémité ouest de l’agglomération métropolitaine de Québec. D’autres demeurent en cours de réalisation. Tous auront cependant des impacts majeurs sur le développement d’une culture de collaboration lors de situations d’urgence et de catastrophes selon Guy Dufour, directeur du Campus NDF. M. Dufour, qui préside également l’Association de sécurité civile du Québec (ASCQ), fait lui-même l’objet d’un article dans la section «En compagnie des joueurs» du présent numéro de Sécurité Québec.

L’établissement d’enseignement accueille environ 1700 étudiants annuellement et s’avère le seul cégep au Québec à offrir l’ensemble des formations en interventions d’urgence. Près du tiers d’entre eux suivent des programmes de diplômes d’études professionnelles (DEP), collégiales (DEC), préuniversitaires et attestations d’études collégiales (AEC) directement en lien avec les différents volets de la sécurité civile ou dans des domaines connexes : DEC en soins préhospitaliers d’urgence, DEC en techniques policières, DEC en techniques de sécurité incendie, DEP en intervention en sécurité incendie, DEC-BAC en soins infirmiers, ainsi que trois AEC offertes en formation continue, soit celle en techniques d’intervention en milieu correctionnel, une seconde appelée spécialisation en prévention des incendies et la troisième en recherche des circonstances et de la cause d’un incendie. Cette dernière AEC a été créée voilà un peu plus de deux ans seulement.

En 2012, le Campus NDF a également donné naissance à une initiative unique au Canada. Il a inauguré son Centre de recherche et d’innovation en sécurité civile (Centre RISC), une structure dont relèvent également un centre expérimental de coordination des mesures d’urgence (CCMU) et un multisite d’entraînement et de simulation pratique en sécurité civile. Le Centre RISC présente de nouvelles formations, technologies, pratiques, innovations et idées pour réduire les impacts négatifs et augmenter l’efficacité des différents intervenants des municipalités (policiers, pompiers, ambulanciers, etc.) lors de sinistres et autres situations d’urgence. Ce centre apporte plus précisément une aide technique et d’accompagnement à diverses organisations dans l’élaboration et l’optimisation de plans de sécurité civile, de schémas de couverture de risques et de plans de mesures d’urgence, ainsi que dans la réalisation de projets innovateurs et le transfert de technologies. Sa mission comprend également un volet «veille technologique» qui consiste à répertorier et faire connaître toute information sur quelque nouvelle technique, pratique, stratégie, innovation, technologie de gestion et sur tout nouvel outil que ce soit en matière de sécurité civile.

«Le but du Centre RISC consistait à regrouper nos actions en matière d’intervention et de sécurité, à mettre sur pied le centre de coordination et le multisite afin d’éviter de travailler en silo. Tout ça a été mis en service en même temps», a expliqué Guy Dufour au cours d’une visite de Sécurité Québec au CCMU et au multisite, le 18 décembre.

Le Campus NDF et la Ville de Saint-Augustin-de-Desmaures ont conclu un partenariat pour la mise en place du Centre RISC. En ce qui concerne l’aspect technologique du CCMU, la municipalité a contribué à la majeure partie des coûts pour l’acquisition d’équipements techniques. En retour, le Campus NDF s’est engagé à apporter un soutien à la municipalité dans ses différents projets en matière de sécurité.

«Le CCMU est équipé de tout ce qu’il faut et peut aussi bien servir à des fins de simulations pédagogiques et de recherche que lors d’un déploiement réel de mesures d’urgence dans une municipalité, une entreprise, un parc industriel, etc. Il comprend une salle technique (N.D.L.R. : dotée de six grands écrans de vidéosurveillance reliés a des caméras installées dans différents secteurs du campus et de la ville) et une salle de décision. Les deux salles sont isolées et séparées par une cloison à quadruple parois. Une fois que la porte entre les deux salles est fermée, il n’y a aucun contact entre les deux salles, ni bruit audible d’une salle à l’autre», précise M. Dufour.

Pour sa part, le multisite a été aménagé sur des terrains en bordure du fleuve Saint-Laurent, le long de la route 138. Il regroupe des bâtiments de type industriel, résidentiel, multirésidentiel, agricole et des infrastructures routières permettant d’effectuer des simulations, travaux de recherche et entraînements pratiques.

Projet-pilote à la sauce Google

Parmi les autres initiatives auxquelles prend part le Campus NDF, les autorités de ce cégep et celles de Saint-Augustin-de-Desmaures ont démarré un projet-pilote reposant sur des simulations de scénarios de risques réalisées à l’aide d’une solution logicielle appelée SécuRévi, inspirée d’un service de Google et conçue en France. Ces simulations visent à diminuer la vulnérabilité des entreprises, ainsi que celle de la municipalité et de sa population, face à la menace que constituerait un éventuel sinistre en zone industrielle.

Le projet consiste plus précisément en un processus d’analyse de risques et nécessite la participation des entreprises afin qu’elles acquièrent une meilleure connaissance et une meilleure préparation en cas de sinistre. Synagri, une entreprise de Saint-Hyacinthe qui commercialise des produits et services en productions végétales et qui compte un point de vente à Saint-Augustin-de-Desmaures, et Inovadys, une société à responsabilité limitée (SARL) de la région de Brest en Bretagne et conceptrice de SécuRévi, participent aussi à ce projet-pilote qui était toujours en cours de réalisation à la fin de 2014.

Inovadys réalise des documents multimédias et des programmes informatiques hiérarchisés, orientés sur les métiers et exploitables sur des ordinateurs grand public, sans coûts supplémentaires de licence. SécuRévi permet de voir l’intérieur et l’extérieur d’un établissement, d’une entreprise, d’un parc industriel, etc. Son fonctionnement est similaire à celui de Google Street View qui offre une visualisation panoramique à 360° d’un lieu situé sur une rue ou une artère, en utilisant un logiciel propriétaire qui assemble des images afin de leur donner une impression de continuité.

«SécuRévi devient comme un gros cartable dans lequel on peut mettre plein de choses. On peut placer, en surbrillance, nos plans de mesures d’urgence, nos plans d’évacuation, nos consignes de SST (santé et sécurité du travail), les numéros téléphoniques des services d’urgence, d’autres consignes, etc., le tout sur une visualisation. Ensuite, on peut, par exemple, se promener dans les corridors d’une entreprise et capter des images à 360 degrés comme on le fait dans les rues avec Google Street View», souligne Guy Dufour.

La plateforme de gestion des risques de SécuRévi repose sur une base de connaissances multirisque, multiservice et pluridisciplinaire préalablement intégrée dans un système d’information géographique (SIG), ainsi que sur des sources de données externes variées.

«Dans le cadre du projet-pilote, c’est le bâtiment de l’entreprise Synagri que l’on modélise. Pour une première fois cependant, on met cette modélisation à la disposition de la Ville de Saint-Augustin-de-Desmaures. Ça pourrait permettre, par exemple, aux responsables d’un groupe d’intervention tactique d’entrer dans un bâtiment après avoir préalablement visualisé son intérieur et repéré ses différents éléments comme s’ils les avaient autour d’eux», précise-t-il.


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